Bernadette Lafont, une sacrée Bonne Femme

Bernadette pour Bernard

 

La première fois que j’ai vu Bernadette Lafont en vrai, c’était dans un ancien couvent des Deux–Sèvres. Elle ne portait pas sa tunique de bonne sœur ce jour-là, elle était simplement passée en voisine claquer une bise à son ami André S. Labarthe. La voici aujourd’hui, Bernadette, la petite Nimoise grandie dans les montagnes des Cévennes. Bernadette, c’est tout un style, une époque, un ton. Naturaliste, le style ; libertaire, l’époque ; effronté, le ton. C’est aussi un nom qui évoque tout de suite un visage chaleureux et facétieux. Et puis il y a la voix… Cette manière délicieuse de traîner sur les mots, entre gouaille et raffinement suprême. Une belle fille, d’abord, piquante et séduisante. Repérée par François Truffaut et Claude Chabrol, sacrée égérie en moins de deux par la nouvelle vague. Parce qu’une belle fille comme ça, c’est avant tout une sacrée bonne femme. Un peu fiancée du pirate sur les bords. A la fois la Maman et la putain. Qui, mine de rien, vous a révolutionné tout un art de jouer la comédie. Une actrice au naturel, qui ne vous parlera jamais de travail, qui préfère dire « Je vais jouer » ! La voici dans les Deux-Sèvres, puis à Paris. Elle a invité quelques amis (des sacrés godelureaux, eux aussi) à entrer dans la danse et venir « jouer » avec elle. Parce qu’avec Bernadette, tout se partage. L’amour c’est gai, l’amour c’est triste. Alors avis aux frileux : ne regardez pas ce film, car vous allez en entendre de toutes les (petites) couleurs. Côté sincérité ça va être le pactole. En espérant vous avoir mis l’eau à la bouche…

Véronique Aubouy

Décembre 2012

 

Un film dans la série EMPREINTES (France 5)

Avec Bernadette Lafont, André S. Labarthe, Luc Béraud, Pierre de Chevilly, Michel Fau, Elisabeth et Anna Medveczky.

Production : Ex Nihilo, Marie Balducchi

Image : Hugues Gémignani

Son : Benjamin Laurent, Erwann Kernazet, Yvan Dumas 

Montage : Colette Beltràn

Mixage : Laure Arto

Musique : Timon Koulmasis